Phase de doute pour la Country Music C'est dans les années où la Country Music semble la plus prospère qu'elle connaît sa plus grande crise. C'est dans cette euphorie que la Country Music n'a pas vu venir la vague contestataire du Rockabilly. Les termes de «rock» et «roll» étaient usuellement employés par les chanteurs Noirs pour inviter à la danse. On sait que l'influence noire a été constante sur la Country Music. Avec le Honky Tonk c'est toute la Country Music qui est imbibée d'influences noires. Dès lors, la Country Music comprend de plus en plus de boogie-woogies. On peut dire, avec du recul, que la vogue du hillbilly boogie (chansons qui prêchent l'amusement et la danse) n'était en fait qu'une adaptation normale des artistes de Country Music à la demande des jeunes. |
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Pendant la même période, Bill Haley un chanteur-guitariste, fanatique de Western Swing et de Rhythm & Blues, connaît une grande popularité. Avec Round around the clock en 1955, B.Haley transforme son succès en un véritable phénomène de société et fait du Rock and Roll la musique des jeunes de toute l'Amérique. C'est sous l'impulsion de Sam Phillips que ce nouveau genre de musique va se faire connaître véritablement. Sam Phillips fasciné par le feeling des chanteurs Noirs se met à la recherche d'un jeune blanc qui serait capable de faire de même. C'est au cours de l'été 1954 qu'il trouve l'homme qu'il lui faut. Il s'agit d'un jeune camionneur, originaire de Tupelo (Mississipi) : Elvis Aaron Presley. La Country Music pendant ce temps-là semble ne plus pouvoir exister; les artistes les plus confirmés enregistrent des morceaux de Rockabilly. L'innovation du Rockabilly est son impact commercial ainsi que la sensualité qu'il dégage. Voici les principaux artistes du Rockabilly : · Elvis Presley (1935-1977) avec la violence de son phrasé, la sensualité de sa voix chaude et son jeu scénique et provocateur lui ont assuré un succès phénoménal.(Jailhouse rock, Good rockin' tonight,..). On n'oubliera pas de citer : La période de 1954 à 1958 demeure un des moments les plus créateurs de l'histoire de la Country Music. Face à la concurrence du Rockabilly, le monde de la Country Music réagit en s'engageant dans la voie de la commercialisation à outrance créant le Nashville Sound. |
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Depuis toujours, le désir pour certains artistes de paraître «urbain» ou coller le plus aux variétés américaines, était en germe dans la Country Music. Ce sentiment est très fort après-guerre, l'immigration, l'industrialisation dans les villes du Nord permettent aux chanteurs d'atteindre un nouveau public a priori rebuté par la musique d'origine rurale. Les «Country crooners» ont eu un parcours traditionnel mais la vie, les goûts personnels leur ont permis d'élargir leur audience. · Le premier véritable «Country crooner» est Eddy Arnold. Il entreprend sa carrière personnelle en 1944 (il faut préciser qu'il a débuté comme chanteur de Pee Wee King de 1937 à 1944). C'est en faisant de nombreux efforts pour se débarrasser de son image rurale (accent, jeu de scène) et c'est en étant le pionnier à s'élancer dans un style urbain et policé qu'il pourra déborder largement le public de la Country Music. · Clyde «Red» Foley (1910-1968) a des racines rurales plus ou moins prononcées mais de réels efforts lui ont permis d'être considéré comme un «Country crooner». C'est avec des pièces maniérées comme Mississippi, Midnight qu'il a connu un gros succès s'imposant ainsi comme le Gentleman de la Country Music. · Chet Atkins s'investit corps et âme dans la guitare et met au point un jeu à quatre doigts ultra-sophistiqué, complexe. Dès 1950 ce jeu de guitare lui permet d'enregistrer pour RCA. Ses talents incontestés lui permettent de devenir l'accompagnateur le plus demandé au Ole Opry. Pour l'ouverture d'un bureau permanent à Nashville, RCA choisit naturellement Chet Atkins pour en prendre la direction. Il rassemblera les musiciens, s'occupera des arrangements et des séances. Ce «Nashville Sound» est une musique perfectionniste, élégante, légèrement marquée par le jazz mais également décontractée et facile à écouter; le professionnalisme de ces musiciens vont leur assurer une omniprésence quasi-écrasante. Le succès commercial que Chet Atkins recherche; il l'obtiendra avec Eddy Arnold. Face au Rock and Roll, Chet Atkins apparaît comme le seul espoir de Nashville. Il décide alors de se lancer dans deux directions. Tout d'abord, il accueillera tous les amateurs de variétés qui ne se reconnaissent pas dans le Rock and Roll. Puis, il «récupéra» les artistes de Rockabilly. En compagnie d'autres producteurs (Don Law, Owen Bradley) et de la chanteuse Anita Kerr ainsi que de quelques musiciens de studio, Chet Atkins impose définitivement le Nashville Sound au sein comme au dehors de la Country Music. Le Nashville Sound en donnant une teinte urbaine et policée à la Country Music, lui a donné aussi l'honorabilité que les hillbillies souhaitaient eux-mêmes acquérir. Entre le Rockabilly et le Nashville Sound, le Honky Tonk a maintenu une présence discrète mais réelle, grâce à des musiciens fidèles aux sources. Ce nouvel Honky Tonk a incorporé quelques sonorités à la mode, celles du Nashville Sound mais surtout celles du Rockabilly. Il délaissera le violon mais la steel-guitare atteindra une omniprésence générale. Ceci sera possible grâce à de remarquables musiciens tels que Pete Drake, Lloyd Green, Buddy Emmons, Speedy West ou Ralph Mooney. Autour de ce Honky Tonk irisé d'un soupçon de Rockabilly se formera un bloc traditionaliste qui s'opposera au Nashville Sound et à tous ses excès. · Ray Price est le tenant de la tradition Honky Tonk entre 1958 et 1962. Crazy arms, City lights, My shoes keep walking to you. Ces artistes et encore bien d'autres ont su démontrer par leur succès que la Country Music soumise à l'électrochoc du Rockabilly puis à l'anesthésie du Nashville Sound a réussi à conserver un important fond traditionnel qui se révélera être une ressource importante à partir du milieu des années 60.
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Old country 2 |